FUSION DES CROUS CAEN/ROUEN
FUSION DES CROUS CAEN/ROUEN
L’information sur le nouveau siège du Crous de Normandie est tombée le jeudi 5 octobre.
Le siège sera à Caen.
Depuis 2015, les personnels des Crous ont d’abord entendu parler « d’un rapprochement », d’une « harmonisation des pratiques » puis « de pistes de réflexion de mutualisation » jusqu’à ce que le mot « fusion » ne devienne plus tabou et qu’il soit clairement prononcé par les directions respectives devant les personnels plutôt sceptiques de toute façon sur les premiers termes employés. Le 12 mars et le 18 mai 2015, les Directions de Rouen et de Caen organisaient des « rencontres inter-Crous » entre les chefs de services des Crous de Caen et de Rouen pour « échanger sur les pratiques et procédures mises en place pour chaque établissement ».
La gestion des RH a été complètement occultée pendant cette phase « d’harmonisation », curieuse figure de style pour annoncer une fusion. Aucune information n’a été faite sur le sort des personnels en cas de fusion. Voire même, la Direction de Rouen avait imposé aux cadres de commencer ce travail de mutualisation avec leur homologue ou concurrent puisqu’il était expliqué lors des réunions qu’un seul chef de service sur les deux resterait à la tête du service. Ce qui revenait à demander aux cadres de l’établissement d’organiser eux-même la fusion et sous couvert « de l’obligation d’obéissance des fonctionnaires ». En d’autres termes, comment se tirer une balle dans le pied avec le choix de l’arme et sans état d’âme.
Les directions n’ont pas cru bon de collecter l’avis des personnels sur la mise en place d’une fusion, de mettre en place un accompagnement des personnels ou de les informer sur les différentes possibilités concernant leur carrière : système de mutations selon le statut et le corps des personnels, demande de formation... La seule mesure prise par le Crous de Rouen a été de payer un prestataire pour réaliser un audit auprès des personnels qui avait montré plusieurs signes de mal-être et de souffrance au travail, souffrance amplifiée par l’annonce de la fusion mais déjà présente. Une enquête papier et des groupes de travail plus tard, cette prestation, qui a coûté cher aux contribuables et a monopolisé les personnels, a abouti à une série de préconisations que la direction n’a pas souhaité mettre en pratique.
Quant au Cnous, sa seule préoccupation a été d’organiser des réunions au mois de septembre de cette rentrée pour la mutualisation des applications métiers. Paroxyme de la gestion des resssouces sans l’humain, le cnous se soucie des outils utilisés entre autres par les RH mais pas des Ressources humaines. Autre préoccupation du CNOUS en lien avec les fusions, la parité. Effectivement, on est bien loin de la loi du 12 mars 2012, dite loi Sauvadet qui impose un taux minimum de personne de chaque sexe parmi les personnes nommées pour la première fois aux principaux emplois de l’encadrement supérieur et dirigeant de l’État, des collectivités territoriales et de la fonction publique hospitalière. Avec un taux qui devait atteindre les 40% en 2017, le Cnous atteind péniblement le pourcentage de 10,71% dans les postes de direction.
Le vendredi 6 octobre, Virginie Catherine, Directrice du Crous de Caen et préfiguratrice de la fusion est venue à la rencontre des personnels en présence de M. Poix, Directeur du Crous de Rouen. Les personnels étaient très majoritairement habillés en noir en signe de contestation. Les directions respectives ont expliqué qu’il n’y aurait pas « de mutation géographique forcée, que tous les emplois seraient conservés y compris les contractuels ». Le Crous de Rouen avait fait le choix de recruter 11 personnes contractuelles, soit environ 25% des effectifs des services centraux. Il est évident que des personnels en contrat précaire ne sont pas en position de force pour négocier quoi que ce soit et surtout certains sont chefs de service et devront participer aux groupes de travail pour organiser les futurs services du Crous Normandie.
Quatre grands services, appelés « services états majors » par le Cnous seront délocalisés à Caen : Les ressources humaines, l’agence comptable, le budget et la communication. Un rétroplanning des actions qui seront menées dans le cadre de la fusion et le futur organigramme seront communiqués aux personnels des Crous de Caen et Rouen avant la fin de l’année civile.
Dans les grandes lignes, soit les personnels de Rouen acceptent de partir à Caen, soit ils changent de métiers, soit ils devront demander leur mutation. Si on considére que le rectorat est dans la même situation, beaucoup de fonctionnaires rouennais risquent d’être prioritaires pour une demande de mutation mais il n’y aura plus de postes dans l’académie de Rouen !
L’autre absence d’informations majeures sur le sujet de la fusion concerne ses avantages et surtout vis-à-vis des usagers. A aucun moment, il a été clairement expliqué l’intérêt de cette fusion si ce n’est de suivre une mouvance. La réorganisation des services de deux établissements sur un territoire étendu et avec des politiques et des pratiques différentes fragilisera inéluctablement les personnels par les mutations géographiques, une baisse des moyens, une polyvalence accrue et par voie de conséquences les services rendus à l’étudiants en patiront avec moins de services de proximité, des interlocuteurs moins disponibles et un service public soumis à une logique économique et de rentabilité.